Je ne suis pas revenue parce que je me suis laissée emporter par le souffle de la vie, qui n'incite pas à rester assise devant son écran à méditer. Autant rester assise devant son écran, je le fais pendant des heures sur equideow.com, autant méditer, avec le bruit ambiant qui règne dans le clapier et le bruit de mes propres pensées, j'évite.
Finalement, je m'y recolle.
Ce week-end, j'ai donc été passer quelques temps avec mes parents et les fufus dans leur maison de vacances qui est sensée devenir d'ici quelques mois leur maison de retraite à eux. J'ai du mal à y croire et ce d'autant plus que mon père ne veut pas descendre puisque sa mère habite à Paris et qu'il sait bien que se déraciner n'est pas évident du tout, qui plus est dans un endroit qui ne fait même pas la taille du rez-de-chaussée actuel, avec un piano à queue et "80 plantes (sans compter les bonzaïs)" dixit ma mère qui les a enfin comptabilisées (sans oser recenser les quelques 200 qui cernent le jardin... et les installations d'arrosage automatique qui ont été installées et qui ne fonctionne même pas un coup sur deux.)
Bref, ils sont fatigués, ils rigolent, ils se font la gueule, on se demande ce que ça va donner une fois mis à la retraite, tout ça.
Je suis revenue de deux jours sans Astérix pleine de bisoux et de calins à offrir et avec l'impression aussi d'être heureuse et libre. Moi qui suis dépressive chronique, l'impression d'être normale, vraiment normale, n'est vraiment pas une habitude. Je ne sais pas si c'était par soulagement de quitter les fufus qui me stressent (Pepette a quand même un cancer d'une glande surrénale à opérer bientôt et Eliott un insulinome qui lui a fait perdre presque tous ses poils), mes parents qui peuvent être source de stress aussi ou le fait de retrouver Astérix après deux jours passés sans lui et la joie de ne pas se faire réveiller dix fois la nuit qui m'a permis de me changer les idées. Ou alors l'air de la truc-truc qui m'a changé les idées, tout simplement? Sans ordinateur, sans petit copain, comme la gamine de 15 ans que j'aimerais redevenir pour dire merde aux vilains méchants patrons (dans le cas de Mediapost, il y a de quoi) et dessiner à longueur de temps?
Ou alors parce que j'ai osé jouer du piano... Avec ma tendinite chronique, voilà deux ans que je souffre et que je ne joue pas plus de deux fois par mois du piano, juste de quoi garder à peu près ses morceaux en mémoire et se taper une semaine de douleurs après. Mais c'est une guerre avec soi-même, parce qu'écrire de la main gauche ou sur un clavier, je peux, vivre avec une attelle, je peux, n'en sortir que quelques minutes pour dessiner, je peux, mais vivre sans le piano que je me suis toujours juré de ne jamais perdre parce que c'est moi qui l'ait voulu... non, à moins de m'arracher un bras, je ne peux pas.
Qu'on me comprenne, car j'ai vu que certains y sont totalement fermés: j'ai appris, seule, à 15 ans, à jouer parce que je trouvais ça chouette et que ma mère en jouait (elle a appris à 18 ans avec un prof particulier). Ce gros machin marron me fascinait et j'ai toujours aimé tapoter dessus. J'ai eu beau réclamer le conservatoire, demander des cours, niet. Ma soeur était au conservatoire pour chanter, ça suffisait bien comme ça. Alors, finalement, à cause de Lucie d'Obispo, j'ai pris mes petits doigts et j'ai appris à jouer, seule. Ma mère m'a montré où est le do, m'a bien engueulée parce que je n'utilise pas assez le 5e doigt et qu'on dirait que je fais le canard mais c'est tout. Le piano, c'est moi qui l'ait appris, moi et rien que moi.
Alors, certes, je ne joue pas de Chopin parce que c'est trop dur (j'ai essayé!), je ne dépasse pas les premières pages de Bethoveen et ma Toccata de Bach n'est pas régulière, mais j'en m'en fous, mes Muse passent bien parce que je chante pour garder le rythme et j'ai fais mes armes avec Notre-Dame de Paris, en chantant. J'ai des compositions aussi. Pas forcément très abouties, mais c'est aussi les miennes.
Quand je joue, c'est un autre monde, je me crois artiste, je suis capable de faire quelque chose quand je rencontre un clavier. C'est sûr, face à des gens qui ont dix ans de cours en conservatoire ou avec un prof particulier, j'ai l'air un peu idiote, mais rare sont ceux à avoir osé se moquer de moi parce que j'ai eu le cran de me débrouiller seule et d'arriver à mon modeste résultat. L'avantage de l'humain, c'est justement que même s'il est maladroit ou que ça n'est pas très réussi, le fait de s'être donné à fond pour quelque chose auquel on croit fait la beauté de la chose, du dessin de l'enfant à l'homme qui remporte son sprint.
Ces derniers temps, avec ma tendinite, mon piano -numérique parce qu'un vrai dans un immeuble, c'était une mauvaise idée, surtout que je ne joue pas spécialement bien- est resté le couvercle fermé. Il porte des fringues, des plantes. Il sommeille. Aujourd'hui, alors que j'ai arrêté mon boulot pour soulager mon pouce, j'ai quand même joué. Parce que je ne veux pas perdre ça, parce que j'ai vu que ça s'en allait, que j'oubliais même que je jouais certains morceaux comme "Qui a tué grand-maman" de Polnareff. Certains sont indéniablement partis. Des compos aussi. Je vais au moins tâcher d'arrêter la pente. De jouer plus régulièrement et moins longtemps pour ne pas les perdre parce qu'il en est tout simplement hors de question. Mon pouce ne va pas bien depuis l'entorse que je m'étais faite à 9 ans, alors une tendinite chronique, ça fait très mal, ok, mais de toute façon, ça ne se soigne pas en claquant des doigts et un an sans jouer, c'est NON.
Il suffit de ne pas faire de dessin les jours de piano. Qu'il passe le reste du temps dans l'attelle. Qu'importe, du moment que je peux continuer à me croire une artiste et à me battre pour ce que j'ai toujours voulu faire.
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